Samedi 6 octobre 2001

Ouf. Ce qui n’est pas peu dire…

(C’était notre rubrique « soulagements »)

Accident de Club-Internet

La semaine a été mouvementée — tout est relatif, je sais. Mais quand même. Nous dirons donc: perturbée — la semaine.

C’est arrivé … voyons, que je me souvienne… jeudi. Jeudi, vers 18h. Pour je ne sais quelle raison, probablement urgente, voilà donc que jeudi vers ces heures-là, j’essaie de me connecter à mon courrier électronique, et couic! rien. Plus rien. Plus possible de contacter Monsieur Net. « On » me refuse l’authentification de mon code. Non seulement pour accéder à mon courrier, mais aussi à qui que ce soit et où que ce soit sur le net.

« Merde », me dis-je.

Et ça commence: les affres, les craintes, les supputations, les angoisses. Je suis comme ça. Ne suis sans doute pas le seul, ce qui n’est, sans doute again, pas non plus une excuse. Il faudrait tout connaître et tout savoir, ne pas être dépendant.

Le net et Cie, je ne suis pas totalement ignare, j’arrive à comprendre quand on m’explique, j’ai compris des milliers de fois, déjà, mais l’ennui c’est que trois jours après j’ai oublié, j’ai pensé à autre chose, en un mot ce n’est pas mon souci principal. Sinon quand ça cloche. Là, non seulement C’EST mon souci principal, mais de plus c’est terrible, ça me ronge. Il n’y a pas plus doué que moi pour envisager aussi sec les pires choses et faire les extrapolations les plus fantaisistes. Bref. Ça coince, donc, dans l’authentification. Et ne se solutionne pas au fil de mes manips, jusqu’au soir en tard…

Le lendemain, je m’y (re)mets. Je me (re)mets à quoi? A tapoter ici et là, à me remémorer les trucs et les machins, très énergiquement — nada. Et le temps passe. Je fais sauter des trucs, j’essaie d’en rajouter d’autres. Toujours nada. Je retrouve dans un tiroir un kit d’installation Club-Internet… que je réinstalle, en me disant que, n’est-ce pas, pourquoi pas?

Il ne faut pas faire ça.

Je n’aurais sans doute pas dû. Parce que non seulement ça réinstalle, mais ça me fiche en l’air ce que j’avais avant, qui déconnait, certes, mais c’était là. Ça ne l’est plus. Et mon carnet d’adresses le premier, et mon annuaire de sites idem — ou c’est ailleurs, en cache quelque chose, et il faut que je réinstalle tout ça sur un nouveau carnet. Et aussi les messages prêts à envoyer — pffft! partis, certes, ils le sont, mais où?

Et voilà. Ça dure toute la journée. Je dis bien TOUTE. Je sais, je suis nul. Mais ce n’est pas mon job, non plus, à la fin. Et, je sais aussi, ce n’est toujours pas une excuse. Tout au plus des circonstances atténuantes. En parallèle à ces gymnastiques, TOUTE cette sacrée journée, je tente d’obtenir par téléphone le service clientèle et technique de Club-Internet, de qui je suis donc quand même client depuis toujours. Et qui va me dépanner comme il l’a déjà fait quand j’étais un néophyte facilement démontable — alors que maintenant toujours phyte mais plus néo et carrément indestructible! Et là c’est formidable! Je vous le dis à tous et toutes: la maintenance et le secours chez Monsieur Club, chapeau! Au moins quarante tentatives d’appels, et je dis bien 40, pour tomber sur un répondeur qui me demande à chaque fois un N° de téléphone pour une identification client, et m’annoncer ensuite que les technos sont occupés. Je ne suis pas content. Ça, là, si vous avez besoin dans le genre d’un secours d’urgence…

A quatre heures du mat (je ne plaisante ni n’exagère!) ma nouvelle installation semble refonctionner, mis à part une espèce de lanceur qui vient de je ne sais où dans un coin de ce nouveau kit et déconne, dont je me passais avant, que je mets donc en veilleuse pour le moment.

Je dors mal. Une journée fichue, donc. Une de plus. Déjà que mon bouquin commence (ou recommence) à me donner des angoisses vertigineuses. Je suis évidemment seul au monde avec ce roman à construire et qui me bouffe et qui ricane et qui me pose des questions malignes comme des tumeurs. Mierda. Mais que donc allait-il faire dans cette galère, aussi?

Lendemain matin, réveillé à pas sept heures par les chats!!! Les deux petits, oui, Recto et Verso, qui commencent à être très rigolos, certes, mais qui ne démarrent jamais une journée autrement que par de grandioses exercices de pugilat et de course et de saut en longueur et en hauteur — bientôt à la perche, je sens venir ça! Le tout dans mon lit, donc.

C’était hier

Je me suis levé l’œil vague, c’était hier: j’ai passé la matinée à écrire une belle missive à Monsieur Club-Internet pour qu’il me prenne par la main et révise avec moi ma réinstallation, solutionne cette espèce de connerie de lanceur fou, etc., bref, me vienne en aide.

On va voir. Je vous tiendrai au courant. Je ne les ai pas trop dans mon cœur en ce moment, les Club.

J’ai travaillé au roman toute l’après-midi. Ça venait mal. Y a des jours, vraiment, comme ça.

Du coup…

…ça fait du retard dans le courrier. J’espère que ceux et celles à qui étaient destinés les messages qui ne sont jamais partis ou sont partis je ne sais où liront ceci et comprendront — je ne sais même plus qui, damned.

Renvoyez-moi un mot, que je récupère vos adresses, gens et gentes…

Sinon…

Sinon dans deux ou trois heures je pars pour le FIG, à St-Dié-des-Vosges, où se situe annuellement l’événement. Le FIG est le Festival International de Géographie, une manifestation internationale du livre, moi je vois ça comme ça. Avec des géographes qui la jouent un peu géographes aux écrivains. Je vois ça comme ça aussi. Et puis plein, mais alors plein, de monde.

Si je suis en forme, je vous raconterai. Et l’esprit suffisamment apaisé.

Il y a aussi un Salon gastronomique, en parallèle au littéraire —généralement extra et même formidable. Ça peut me remettre le moral sur pattes.

Champignons

Ça y est: il y a des champignons! Et d’ailleurs je vais m’en préparer une poélée, avant de m’en aller weekenner sous d’autres cieux.

Je sens que les Bocals vont prendre du retard.

Hasta luego

Vendredi 28 septembre 2001

Donc, voilà qui est fait.

Deux jours d’hôpital pour un contrôle des tuyauteries myocardiennes, et de retour en casa quasi flambant neuf. Le séjour m’a permis de me rendre compte que quand on n’a que six chaînes de télé sous la main c’est franchement pas terrible… Sinon c’était sympa.

Arrivé mardi à 15h30 véhiculé sur place par une épouse (la mienne) légèrement inquiète que je rassure avec une rare efficacité — tout dans la dentelle. A la vérité, j’ai horreur de la maladie et de cet état dans lequel elle vous met, non seulement vis à vis de soi-même mais des autres. Cette anormalité. Le monde de l’hôpital est un monde d’anormaux, nous en sommes convenu avec un des cardios en compagnie de qui je réintégrais ma chambre, dans l’ascenseur. Un monde à part. Anormaux les clients-malades, anormaux les soignants qui ne sont en rapport qu’avec des anormaux-malades. Univers clos, frontières temporairement fermées. J’étais la chambre 1218, deuxième étage, « voyez le bureau de l’infirmière tout droit en sortant de l’ascenseur ». Merci madame. Mon épouse, donc, ainsi que mon fils, résidant dans cette bonne ville de Nancy et qui avait justement des choses à faire dans le coin, m’accompagnaient. A peine partis, la chambre prise en possession, les bottes retirées, vous voilà devenu autre chose, cette entité anormale dont je parlais plus haut: un malade. Papiers à remplir – dont une sorte de décharge dans laquelle on reconnaît savoir que la coronarographie comporte certains risques, et qu’on ira pas se plaindre après si ça arrive… Bon. Visite de l’anesthésiste — qui se souvenait m’avoir réceptionné le jour du drame quasiment deux ans plus tôt, le 30 décembre 1999 et avec détails à l’appui! Chapeau. J’ai promis de lui adresser un bouquin — je le lui avais déjà promis la première fois, il s’en souvenait aussi, moi pas… damned. Parlote amicale sur le service, en plus des questions-réponses de routine. C’est vrai que je suis grandement admiratif et reconnaissant aussi à l’endroit du personnel soignant de cette polyclinique d’Essey. Nous évoquons aussi ce mini-scandale dont elle a fait les frais il y a quelques temps (la polyclinique), subissant les accusations d’un (à mon avis) parano grandiose. De quoi hurler de rire tant tout ceci était ridicule et puait les intentions douteuses du plaignant et qui fut largement pris en relais par la presse régionale qui ne fouettait guère, à l’époque, d’autres chats. Bref. Embarqué pour une radio et une écho vers 18h en compagnie de deux autres patients — la réflexion d’un des deux, tandis que nous attendons devant les cabines, est que nous allons « louper la soupe »… Et ça a l’air de vraiment le perturber. Donc, radio. Ensuite, écho. Mon échographie est nickel: plus de traces aucunes du cataclysme. De retour dans la chambre vers 19h. Plateau repas sur la petite table. C’est vrai que la soupe est froide. Première nuit — j’essaie de travailler un peu, je crobarde le plan de ma presse à relier, je tente de jeter les grandes lignes de ce que j’écrirai à mon retour. Difficile. Alors télé. Et puis dodo — plus ou moins.

Et hop, nous voilà le lendemain. Descente prévue à 9h30. C’est à 10 qu’elle s’effectue. Le brancardier a des problèmes. Je me souviens de ma précédente visite: le brancardier (un autre) avait des problèmes, c’était le nouvel an, il était tout seul pour faire le boulot de 27 000 à l’entendre. Celui d’aujourd’hui, c‘est autre chose. Un ascenseur est en panne, ce qui l’oblige à faire un long détour par je ne sais trop où. Dans le civil, Il fait du kayak…

Et hop, au bloc. C’est parti. J’ai toujours trouvé fascinant ce genre d’intervention (la coronaro, l’angioplastie). Vous êtes là, conscient, on vous troue une artère, on vous balance une caméra au bout d’une sorte de fil dans le cœur, vous suivez le trajet de l’appareil et visionnez la chose sur un écran, vous ne souffrez pas, ça dure 10 minutes et quand c’est fini vous êtes sauvé. C’est pas beau?

Donc, cette fois, c’est un contrôle. Et je m’en sors avec les félicitations du jury. En direct. Du docteur qui opère, d’un autre qui passe par-là et qui m’avait opéré la première fois, je suis ravi — c’est la première fois de ma vie que je fais un tel tabac. Salle de réveil ensuite, où une ceinture compressive est posée sur le point d’insertion de la cam. Plus qu’à attendre… C’est bondé et ça bouchonne — ce problème des brancardiers et de l’ascenseur… On cause. On somnole. « Ça va Monsieur? » — « Ça roule… »

Le film des événements:

Avant l’ouverture du rideau et l’entrée en scène des principaux acteurs.

Préparation de l’outil…

Deuxième acte: c’est parti!

Premier travelling – le geste

oups

En salle de réveil (où je ne me réveille pas, n’ayant pas été endormi…)

Ambiance de la salle de réveil: mes camarades de jeu

Une des deux infirmières de l’endroit — qui ne rigole pas, à cet instant précis, mais c’est pour rire

Mon cardio est venu me voir — en compagnie de l’infirmière qui ne rigolait pas il y a un instant mais qui, là, rigole, et ça lui va drôlement bien, je trouve. Non? A mon cardio aussi.

Mystère

Le docteur d’Hotel est le docteur qui m’a opéré. C‘est lui, aussi, qui a pris les photos que je ne pouvais pas prendre en personne. Il faut que nous décidions d’une date pour manger une choucroute hongroise au poulet et paprika. Je dois l’appeler.

Cela dit, la photo numéro cinq est un mystère… Ou une erreur? En tous cas, ça me laisse perplexe.

Les hôpitaux sont des mondes étranges. A part.

Après l’opération

Le plus pénible, c’est finalement les heures suivantes, encore qu’il ne faille rien exagérer et que tout est relatif. Les heures d’immobilité sous compression de la ceinture et la nuit qui suit, avec interdiction de se lever et de plier la jambe. Bon. Pas bien dormi. Surtout à cause d’une saloperie de rhino pharyngite ramassée je ne sais où avant mon entrée en jeu et qui a pris des proportions. L’infirmière de nuit à qui je signale avoir mal au crâne me regarde comme si je lui avais parlé en pakistanais, et puis c’est tout. Les hôpitaux sont des endroits étranges, pas foncièrement désagréables, étranges…

Home sweet home

De retour le lendemain, plein de fièvre et de bonne humeur et de bonnes nouvelles. Dés demain, je me remets au boulot… avec peut-être une petite promenade pour attaquer la journée, tiens. IL fait un temps superbe. Je le savais que l’automne serait chouette. On me dit que le brame du cerf est commencé du côté de Cornimont.

Hasta luego

Lundi 24 septembre 2001

Il y avait des brouillards matinaux… Qui se sont levés, sagement dés qu’ils pressentirent qu’ils ne seraient plus matinaux bien longtemps et afin de ne pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas. Maintenant, soleil. Soleil d’automne, comme je les aime, sur les premières feuilles jaunissantes et une odeur de froid qui persiste en rampant. Voici venir ma saison préférée, à la suite de cette période de jonction mal définie, après l’été, qui vous flanque le blues facilement si vous n’y faites pas attention. Il faut se méfier, en règle générale, de la fin Août et du début septembre.

Vide-grenier hier après midi. J’ai trouvé pile ce que je cherchais: deux tiges filetées avec volant, de quoi équiper les deux presses que j’avais projeté de faire — une presse à lisser, et peut-être un étau, à adjoindre à l’établi en cours. Chouette. Il se pourrait même que dans la foulée je me lance dans la fabrication de papier. Pour la reliure, oui. Ce qu’il faudrait c’est que je gonfle mon forfait quotidien et que je me prenne 37 heures par jour, par exemple. Mais c’est pas donné.

Vidéo – Cinoche

Je ne résiste pas au plaisir de communiquer au monde la chronique qui suit. C’est une chronique concoctée par mon ami Michel Pagel, pour le forum consacré aux nanars qu’il anime. Je ne sais pas si on peut se procurer facile le film dont il est question, je crois que c’est un truc américain en ntsc, une de ces nombreuses merdes dont les boys se nourrissent et nous abreuvent. Quoi qu’il ne soit. Quoi qu’il en soit, l’article de Michel Pagel, guest star de ce bavardage, est à mon avis un petit bonheur. Ou même un grand. Et moi j’aimerais bien en lire plus souvent de ce style dans la presse, ou en entendre à la télé/radio, des critiques de ciné, et même autres. C’est pas Elisabeth Quin.

Or donc accrochons nos ceintures c‘est parti, ça s’appelle: Blood Freak, et c’est Pagel qui parle:

BLOOD FREAK (1971)

réal : Brad Grinter

Scén : Steve Hawkes

Un bureau. Un homme moustachu, qui tente de prendre l’air docte, nous parle : « à tout moment, on est susceptible de rencontrer un catholique. Et qu’est-ce qu’un catholique ? Quelqu’un qui produira des changements, bons ou mauvais. On peut en rencontrer partout. Par exemple sur le bord de l’autoroute… »

Et qu’est-ce que c’est que ces conneries ? s’interroge le spectateur, tandis que le film proprement dit démarre. A ce stade, on se demande, pour peu qu’on en ait quelque chose à faire, si le film est pro ou anti-catholique. La suite nous prouvera vite que la première solution est la bonne. Donc, Richard, un motard joué par le scénariste lui-même, Steve Hawkes, qui a le look d’Elvis Presley et le regard d’un mongolien, vient en aide sur le bord de l’autoroute à une jeune automobiliste en panne, Claire. Elle le ramène chez elle, où sa sœur, Ann, qui ne voit rien venir, reçoit quelques amis — rien que des sales drogués. Car, oui, affrontons la cruelle réalité, si Claire est une jeune femme très comme il faut et très croyante, Ann est une dévergondée qui fume des joints et qui couche avec des hommes. La première, d’ailleurs, ne manque pas de morigéner sa sœur : « Ton corps est le temple de l’esprit saint. Tu ne devrais pas le souiller… »

Là, j’avoue, j’ai craqué et j’ai attendu un ou deux jours avant de me taper la suite. Parce qu’il faut vous dire que toute cette scène est interprétée par des acteurs dont Ed Wood n’aurait pas voulu et tournée par un réalisateur ayant autant de talent que Pierre Chevalier un lendemain de cuite. Max Pécas, à côté, c’est Orson Welles — et je ne plaisante pas ! Toutes les erreurs de narration cinématographiques sont là, c’est presque une joie de les comptabiliser. En outre, la vf a été réalisée par une bande d’individus lisant leur texte et allant parfois jusqu’à bafouiller. Il est possible que ça produise un effet irrésistible entre potes après un pack de bière, mais tout seul et à jeun, c’est assez pénible.

Ce soir, n’écoutant que mon courage, je me remets la cassette. Et voilà-t-y pas que j’ai droit au cours de catéchisme. Ah, que voilà un film édifiant ! Ou zédifiant ! Pendant cinq minutes, Claire explique les voies de Dieu à ses petits camarades. Chouette. Ensuite, elle emmène Richard chez son père, qui possède semble-t-il un élevage de dindons, dans lequel se trouve aussi un labo avec des savants qui font des expériences. Non, me demandez pas. Comme notre motard est un peu paumé, le papa lui propose de travailler à la ferme, et Richard accepte. En parlant de ferme, c’est ainsi que continue de s’emmerder le spectateur, qui se demande s’il ne va pas renoncer, finalement, quand la vision d’Ann en bikini le pousse à continuer un peu son visionnement. Bien lui en prend, car c’est alors que le film décolle.

Figurez-vous qu’Ann la dévergondée a jeté son dévolu sur Richard. Elle le drague honteusement sans succès, puis tente de lui faire fumer un joint. Il refuse, méprisant. Alors, elle trouve l’argument massue : « Je ne pensais pas qu’un homme aussi fort que toi serait un lâche… »

Traduction : « T’es même pas cap ! » Et évidemment, le grand couillon tombe dans le panneau et fume le joint. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, mais ça a pas l’air mauvais, parce que ça se concrétise presque immédiatement par un fou-rire monstrueux, à l’issue duquel a lieu la prévisible partie de jambes en l’air (mais damned ! on voit que dalle). Le lendemain, Richard va bosser à la ferme. Les scientifiques du labo lui proposent de participer à leurs expériences en tant que cobaye : il faut quelqu’un pour manger les volailles sur lesquelles ils expérimentent, afin de vérifier que la viande demeure comestible. Comme il hésite, ils lui proposent de la drogue en plus de son salaire (« Un extra en plus du bonus » déclare finement un des deux). Bon, Richard a fumé un joint la veille, d’accord, mais c’était par bravade ; sinon, depuis le début, il se déclare anti-drogue. Est-il logique qu’il accepte ce marché ? Non, mais par contre « C’est Dans Le Script ». Donc il accepte. Le soir même, après le boulot, paf ! crise de manque ! Comme chacun sait, quand on fume un joint, le lendemain à la même heure, on fait une crise de manque. Toutes les notations concernant les drogues diverses sont d’ailleurs consternantes. « T’as sniffé de l’opium, ou quoi ? » demande un personnage, à un moment. A mon avis, le scénariste se shootait à la colle.

Bref, Richard est accro ! C’est affreux ! On appelle le dealer local, Jim, qui fournit un nouveau joint, et notre héros se sent mieux. Il empoigne l’affreux Jim, lequel a l’air aussi veule que Gainsbourg dans un peplum italien, et qu’est-ce qu’il fait ? Il lui casse la gueule ou il le bute avant d’aller se faire désintoxiquer ? Pas du tout : le vertueux Richard informe le vilain Jim que puisqu’il l’a accroché, il est bon pour le fournir gratuitement, ou que sinon panpan cucul. La psychologie de ce personnage est d’une cohérence rarement atteinte au cinéma.

Et le lendemain, retour à la ferme. Richard se tape une dinde rôtie fournie par ses nouveaux employeurs. Et presque aussitôt, il est pris de convulsions. Les scientifiques, dont on commence à soupçonner qu’ils ne travaillent pas tout à fait dans la légalité (mais ce point ne sera jamais explicité), paniquent et le laissent étendu dans l’enclos de la ferme jusqu’à la nuit. Et lorsqu’il s’éveille, Richard a…

Je profite de cette occasion pour rappeler une règle importante : dans un film de série Z, quand un personnage mange, boit ou absorbe de quelque autre manière une substance liée de près ou de loin à un animal, de deux choses l’une ; a) il conserve forme humaine mais acquiert les pouvoirs de l’animal en question, ce qui lui permet souvent de faire une honorable carrière de super-héros b) il se change en un monstre basé sur l’animal. C’est bien entendu b) qui s’applique ici.

Quand il se réveille, donc, Richard a une tête de poulet. Enfin… de dinde, sans doute, mais on dirait un poulet. Non, d’ailleurs, ce qu’on dirait vraiment, c’est une espèce de casque en carton pâte sur lequel on aurait collé des plumes et un bec en plastique. Mais bon, ça évoquerait plus le poulet que la dinde, quoi…

Premier réflexe de Richard (vous auriez le même, à sa place, je suis sûr) : aller retrouver sa petite copine, Ann. Pour expliquer son aspect quelque peu surprenant, il lui fait lire une note racontant ce qui est arrivé. Réaction de la nana : « Mais enfin, Richard, si tu restes comme ça, que se passera-t-il si nous nous marions? A quoi ressembleront les enfants ? » Et ainsi de suite. Ce passage est authentiquement à pleurer de rire.

Il n’en reste pas moins que non seulement Richard a une tête de poulet, mais qu’en plus, il est en manque. (Eh oui, le joint fatal…)

Ann, un brin affolée quand même, appelle sa sœur et lui demande de passer la voir très vite. Le scénario a dû changer en cours de tournage, parce qu’à la scène d’après, ce sont deux copains qui arrivent : de sales drogués barbus et chevelus. On leur présente le Richard nouveau.

Ils font « ah… » Et puis on ne les reverra plus, c’était juste histoire de passer trois minutes.

Là-dessus, notre héros un brin gallinacé, rendu fou par le besoin de drogue, commence à égorger tous les drogués qu’il rencontre pour boire leur sang. A un moment, une fille témoin d’un des meurtres hurle: elle n’a dû réussir à le faire qu’une seule fois de façon crédible, parce qu’on entend dix fois de suite le même hurlement, au point qu’on dirait une sonnerie d’alarme. Les meurtres sont traités de manière résolument gore, mais gore au sens ou l’entendait Hershell Gordon Lewis : mannequins et peinture rouge. D’ailleurs, quand on sait que dans la version originale Richard se prénomme Herschell, ça donne à penser.

(Hein ?)

Une des victimes du monstre réussit à lui planter un couteau dans la tête, mais ça n’empêche pas le canard d’aller trancher à la scie circulaire la jambe du dealer qui vient d’étrangler Ann après avoir tenté de la violer. Non, cherchez pas de logique dans tout ça, y en a pas. Les personnages entrent dans le scénario et en sortent comme les usagers d’une station de métro.

Bref, enfin, le monstre s’écroule, terrassé. On voit des images d’un poulet décapité. Puis des mains qui déchirent une dinde censée être Richard.

Lequel se réveille.

Ce n’était qu’un rêve.

Merde alors. Arnaque !

Mais le plus beau reste à venir. Bon, Richard n’a pas une tête de poulet, certes, mais il est toujours accro au joint (scusez, j’ai du mal à écrire ça sans rire). Et c’est là qu’arrive Claire, la bible sous le bras, qui déclare : « Prie, Richard ! Demande à Dieu de t’aider dans cette épreuve. Je t’en prie. » Et Richard, obéissant, joint les mains, lève les yeux au ciel, et s’exclame : « Seigneur ! Aide-moi ! » « Je suis sûre qu’il t’aidera ! » affirme Claire.

Sans transition, on se retrouve devant une plage, avec Ann en jolie tenue estivale. Et Richard arrive, fringant, visiblement désintoxiqué. La grâce divine l’a touché. Alleluia ! Les deux amants s’enlacent, s’embrassent, le mot fin s’inscrit sur l’écran, et le spectateur ramasse sa mâchoire inférieure tombée sur le tapis avec un bruit mou.

Ajoutez à cela une bande sonore qui hésite entre le rock psychédélique pompier (si, c’est possible), les bruitages électroniques, et la soupe guitare sèche variétoche, et vous aurez une idée du tableau.

Un tiers « Reefer Madness », un tiers « The Fly », et un énorme tiers « n’importe quoi ». Je rappelle le titre: Blood Freak. Un must!

Fin de la chronique Pagel. Ça incite, non?

Mon conseil personnel sera de voler la cassette si vous la trouvez quelque part, parce que l’acheter, c‘est limite complicité grave au forfait. Cela dit vous faites comme vous voulez…

Sinon rien

Ou plutôt sinon si, quelque chose: je pars pour quelques jours, trois ou quatre, en milieu hospitalier, c’est pas que ça m’enchante, mais c’est comme ça, et cela signifie surtout qu’il n’y aura pas de suivi immédiat à ces bavardages, pour cette semaine. Et peut-être pas de Bocals en début de la prochaine —mais allez savoir… Ah ben oui.

Le mot du jour que me conseil un camarade:

Bergamote

La connerie du jour

Une jeune femme palestinienne a été tuée ce matin par un tireur d’en face. Pardon? C’est l’inverse? C’était pas une palestinienne? C’est une jeune femme israélienne qui a été tuée par… ah bon. Quelle est la différence?

J’invite le monde entier à observer une minute de silence en hommage à la jeune femme qui ne sera donc jamais vieille, victime de la lamentable connerie d’un humain qui se croyait malin et soutenu dans son bon droit par la lamentable connerie de dieu.

Personne n’ira au paradis.

Invitations

J’invite les centaines de milliers d’américains qui désirent tellement donner leur vie pour leur drapeau à le faire, le jour de halloween par exemple, dans un coin de leur garage ou de leur cuisine, sans faire chier personne.

J’invite les quelques centaines de milliers d’islamistes intégristes qui désirent tant donner leur vie à leur Allah à le faire eux-mêmes et en personne, et que les conseilleurs barbus soient aussi un petit coup les payeurs sanglants, dans un coin d’où ils veulent sans emmerder personne, sinon un peu, du coup, leurs frères en fanatisme américains qui n’auront plus d’ennemi de l’América à découdre …

J’invite, quand cela sera fait, les quelques je ne sais pas combien qui ne croient en rien d’incroyable à boire un coup au grand nettoyage et au paradis sur terre, en tous cas aux premiers débroussaillages du chemin.

Et si on ne peut plus rêver, alors dîtes-le clairement.

Moi, je suis fatigué. L’hôpital va me faire un bien fou.

Hasta luego.

Mardi 11 septembre 2001

El mondo está lamentable (de jardin)

Quoi de neuf dans le monde?

Nada.

Il n’y a même pas de champignons, ou alors un par-ci par-là, et encore pas franchement comestible. C’est lamentable. Par contre il y a eu beaucoup de brimbelles, c’est ainsi qu’on appelle ça ici, et aussi de framboises et aussi de mûres. Mais des champignons, gnon. Je le répète: lamentable.

Et s’il n’y avait que cela de lamentable… Parce qu’en ce moment, je trouve que beaucoup de choses et d’événements le sont. Ou alors c’est moi? Ou alors mon humour s’effrite? Tout juste bon à calembourder mollement en ajoutant par exemple « et des moules » après « s’effrite »? Ou alors je ne sais pas. Allez savoir. Mais le fait est. Des gens promettent de m’écrire et ne le font pas, de m’envoyer des choses, des contrats, des sous, et ne le font pas, de m’appeler et ne le font pas, la météo annonce du beau temps et bing! la flotte. Lamentable. Je cherche sur mon carnet de téléphone le number d’un ami dont le nom commence par la lettre D et je le trouve à la lettre C. Les impôts m’adressent un courrier lamentable qui double mes mensualités jusqu’à la fin de l’année, merci bien, sous prétexte d’imposition sur les revenus, alors que lesdits revenus sont repartis depuis longtemps vu qu’ils n’étaient pas revenus depuis plus longtemps encore. J’ai ramassé une tendinite au coude parce que j’ai trop vissé. Du coup, j’ai dévissé pendant un certain temps, rien n’y a fait, sinon que ça s’est aggravé. Je dois faire un saut à l’hosto fin septembre pour une coro de contrôle, ce qui va bien entendu perturber total mon rythme d’écriture pour au moins une semaine. Je regarde l’heure à ma montre, putain, déjà! La-men-ta-ble.

La télé. Aussi. Parce que je suis un regardeur de télé, c’est selon mais ça m’arrive, c’est comme des rituels, des habitudes que je me prends, parfois. Par exemple l’année dernière je regardais le matin le midi et le soir. Matin et midi: Canal plouche (comme dit un copain portuguais) et en soirée RDRG sur Paris Première (comme il dit aussi). Canal plouche le matin, à partir de 7h15 , et pendant quasi une heure si je ne m’abuse, merci docteur, animé par Devoise, le type au crâne rasé, c’était parfait, gai, enlevé, varié, avec les filles du sport et de la culture et des infos, génial ça vous mettait en forme pour la journée, ou quasiment, bref, moi j’aimais bien. Après ça hop j’allais faire un tour en forêt, et c’était parti, je pouvais affronter l’adversité quotidienne. Bon. Maintenant, Canal plouche le matin qu’est-ce? Rien, ou alors des redifs du jeu de la veille au soir, ou alors je ne sais pas, je n’ai regardé que deux ou trois fois, mais en tous cas c’est plus ma bande de potes d’avant.

Ensuite: Canal plouche midi. L’année dernière, c’était Gildas et Anne de Pétrini (oups, je me demande si je n’ai pas écorché l’orthographe de son nom…) qui est bien jolie et qui avait une façon de ponctuer son discours par de brèves apnées fortement sympathiques, je trouve. Et puis aussi Gaccio, et puis aussi les rubriqueurs et queuses qui passaient par-là, q’on avait déjà vu certaines fois le matin, le type qui parlait cuisine, Colombe qui goulûment goûtait tous les plats qui se présentaient, etc. C’était charmant. Avec des sujets, des invités, souvent intéressants. Vivants. Sympa. J’étais ravi, en ce temps-là… Aujourd’hui… seigneur! Gildas encore, mais là n’est pas le drame. Qu’est-ce qu’il fiche là, le pôvre? Parce que voilà: des téléspectateurs appellent au téléphone et soumettent un problème insoluble qui les tracasse grave — bonjour j’ai un enfant de onze ans qui refuse de dormir ailleurs que dans la niche du chien et ça me tracasse grave — et du coup un panel de communs des mortels invités sur le plateau solutionne, conseille, drivés par Gildas et une sorte de dame médecin psy spécialiste de misère humaine, à la rescousse, nous donnons la parole au panel —mais c’est pas grave, moi je m’appelle Michel et je pense qu’il faut provoquer une cassure ferme et par exemple tuer le chien.

Il faut le voir pour s’ébaubir. Télé degré zéro, même TF1 n’aurait pas osé ça. (Un pote me dit: « Canal + a été la petite chaîne qui monte? Maintenant c’est la grosse qui descend. ») La sinistrose absolue, là-dessus et à cette heure si tu as encore faim, bravo. On est très loin de Colombe gourmande.

Quant à la soirée, aïe. Canal plouche a maintenant une speakrine. Il fallait y penser. Par je ne sais quel torsion du destin qui s’y connaît en tours de con, il se pourrait que la vieille dame tombe un jour sur ces lignes, ou qu’on les lui rapporte, et c’est tout simplement la raison pour laquelle je vous parlerai maintenant de RDRG, l’émission de T.A. sur Paris Première.

L’année dernière, je regardais quotidiennement. Ou presque. On ne devrait jamais faire ça. Ou alors ne pas regarder « complètement », mais juste comme en principe on regarde la télé, c’est à dire du coin de l’œil, en faisant autre chose, depuis la pièce d’à côté, en passant par-là. Sinon ça use. Sinon ça gonfle. Ou bien c’est moi (voir plus haut). Mais quand même Begbeider en surdose quotidienne… ainsi qu’en même posologie le bavardage péremptoire et hautain de Tesson, plus les circonvolutions élégamment définitives de la Quin Zabette, plus les bafouillages du Carmouze aux cheveux d’argent… eh bien ça fait lourdingue, à force, aérophagie de la tronche. D’autant que tous quand même, se sont installés confortables dans leur rôles de porte-paroles de la culture et ne se prennent pas, à l’image comme au son, pour, aurait dit mon papa, la moitié d’une merde. Fatigue donc, un poquito. Mais on se dit: ça va se calmer, il y a eu les vacances, etc. On se dit qu’on peut toujours zapper sur le vieux quand vient son tour, on est quand même pas un esclave, d’autant que maintenant sur Canal plouche c’est le Quiz Burger et qu’on a une chance d’échapper à l’autre lamentable quatrième âge de service. Bon. On se dit tout ça pour des nèfles: ça redémarre, la rentrée donc. Ils sont toujours là, plus royalement en forme que jamais. Et voilà même qu’ils invitent des philosophes (parait-il) en renfort venus nous pomper pompeusement avec « l’affaire Houellebeck », adaptée comme il fallait s’y attendre en mauvais remake Rushdie, et décrétée affaire du siècle.

Nous avons décidément les événements et scandales littéraires que nous méritons. A la hauteur de nos vues et à la longueur de nos nez.

Ou bien c’est moi?

Monsieur RDRG (qui n’est pas le matricule d’un robot dans la Guerre des Étoiles), dites-leur de se vidanger le chief un coup, de se boucher les oreilles quand ils parlent, et mutez l’arrogant vieillard dans les coulisses des émissions consacrées aux défilés de mode, backstage comme dit l’autre, par exemple. S’il vous plait.

Monsieur Canal Plouche, rendez-moi Colombe et Anne et Alexandre et le monsieur qui nous parlait des petits déj dans les palaces et des vertus de la courgette en salade et Églantine aussi (mais non pas Églantine en salade: rendez-nous Églantine, aussi!) Merci Monsieur Canal Plouche.

Enfin, voilà.

OOO

Sinon il fait beau en Bretagne, je viens de téléphoner à un ami en vacances là-bas pour lui emprunter sa scie circulaire, et il mange du poisson tous les jours, il a l’air content, il va cueillir des zouitres (comme dit un ami bruxellois) sauvages tous les jours, ça lui fait un bien fou. Rien à foutre de l’affaire du siècle, lui. Comme quoi, au niveau individuel, tout n’est pas perdu.

Personne n’a une scie circulaire à me prêter?

OOO

Et puis je vais à la Fête de l’Huma, ce week end. Ce qui est bien et me réjouit, mais d’un autre côté ça me bouffe trois jours.

Jamais content.C’est alors que j’apprends, comme le monde entier, l’attentat aux avions détournés qui vient de frapper New York et Washington.

Hasta luego.

Mercredi 19 septembre 2001

On se fait niquer quotidiennement

Certains jours, je n’en reviens pas comme le temps passe. On arrive au soir avec l’impression d’avoir été couillonné quelque part. Escroqué. On a payé pour 24h et ils ne nous en ont fournis que 23. Je pense que c’est ça. On est grugés en permanence, si ça se trouve et on met ça sur le compte de, je ne sais pas, une « la perception subjective du temps ». Je t’en foutrai. La subjectivité est une belle arnaque si ça se trouve aussi. Tout n’est qu’arnaque. A commencer par la paranoïa, pour faire passer le tout. Oui oui oui.

Setiembre

Dites-donc: il pleut. A vache qui pisse, dit-on joliment chez nous. Chez les autres aussi? Bon. Donc, il pleut. Ah la vache!

Fais du feu dans la cheminée… (canson)

Je reviens. Je suis parti vendredi dernier – pour la Fête de l’Huma où j’étais sensé signer des livres à une foule en délire d’une part, et puis accomplir deux ou trois autres choses dites professionnelles d’autre part.

Nous avons, mon épouse and me, pris le train. Et sommes arrivés à Paris dans la soirée, vers 22h 30, dans ces eaux-là. Vigie Pirates battait son plein: pas un flic, pas un militaire, nada total, à la gare de l’est, dis-donc. On s’est dit qu’ils arrêtaient sans doute le boulot à 19h, un truc comme ça.

(En règle générale, d’ailleurs, je n’ai jamais vu aussi peu de flics à Paris que pendant ces trois jours, ni dans le métro ni nulle part. D’habitude ils fourmillent. Je me suis dit qu’ils devaient se cacher, ou être déguisés. Vachement bien. D’ailleurs, le lundi à midi, au restau, il y avait deux très vieilles dames à la table voisine dans les 100 ans chacune, qui ne me semblaient guère catholiques. Enfin bref.)

Monsieur Marc

Ce monsieur-là c’est Marc, un des réceptionnistes et gardiens de nuit de l’hôtel Chomel où on descend souvent et où on monte ensuite dans un ascenseur gros comme une boite d’allumettes.

On parle de choses et d’autres, avec Marc. De son chien, souvent.

Fiesta de humanidad

Fête de l’Huma. Beau temps et beaucoup de monde. La preuve.

Sauf que je n’avais pas le bras assez long pour cadrer une plongée sérieuse. Mais bon.

Du monde, donc, et beaucoup. Ambiance. La Fête de l’Huma est le seul endroit où quand on te bouscule on s’excuse et on te sourit ensuite, dans la camaraderie… je ne plaisante pas. Ambiance dis-je. Un peu plombée et grave, vus les événements. A la Courneuve, ça se situe. Le moindre avion qui passe fait lever les têtes. C’est pas la consternation des veaux ni les discours de chauffeurs de taxis. C’est autre chose. Des êtres humains qui pensent. J’ai fait le tour vite fait avant de trouver le « village » du livre. Quelques amigos, dont Guillaume Cherel qui tremble pour son roman tout neuf comme on tremble pour son enfant qui vient de naître, forcément.

Et puis aussi:

Patrick Raynal revenant d’un cassoulet aux fèves (sic).

Et puis voilà. Tout ça pour signer une quinzaine de bouquins en deux jours. L’endroit n’est pas tout à fait celui qu’on croit, pour le livre. Les gens viennent acheter des saucisses d’Ardèche et écouter Manu Chao, Compay Segundo et Patrick Bruel. C’est pas plus mal, au fond.

Les zacotés

Le premier soir, dîner en compagnie de mon agent (e) cinéma et un producteur sympa et ses amis, où ça? au Karaoké Chinatown Belleville!!! Il aurait fallu me trouver d’urgence, c’était sûrement pas là que quelqu’un qui me connaît bien serait venu me chercher en premier, je sais. Eh bien c’était très bien. C’est étonnant, la karaoké, vraie atmosphère chine. En plus, il y avait un mariage, chinois donc, avec une vraie mariée comme dans les films documentaires. Si j’ai chanté? non, pas trop. Mais c’était parfois très émouvant à regarder et à écouter. Le monde. Sous les avions qui passent. Sous les avions, le monde…

J’aurais pu, chanter, cela dit. Ma voisine, entre autres occupants de la table, l’a fait. Elle avait le trac, on ne l’obligeait pas mais elle voulait le faire, elle a bu un tas de whisky pour se donner du courage, ça a marché.

J’ai passé une délicieuse soirée chez mon ami Dionnet (j’aime bien penser « mon ami Dionnet ») et sa jolie Fatima d’épouse. Jean-Pierre a comme projet immédiat de se reposer, ce qui n’est pas bête du tout. Nous en avons par contre un autre, de projet, lui et moi. Je n’en dirai pas plus pour le moment… Ça fait deux ans au moins, déjà, que c’est en cours. Dionnet, Moebius, Pelot. En principe.

Lundi matin (l’empereur, sa femme et le p’tit prince…)

Je suis allé faire une visite rapide et surprise chez RIVAGES. J’adore ça. J’adore, d’ailleurs, me retrouver aux éditions Rivages. Non seulement depuis Le Pacte des Loups, mais avant aussi. Surtout depuis Le Pacte, evidentemente… (qui marche bien, merci). C’est un endroit plein de gens sympas, surtout plusieurs. Je ne parle pas de François Guérif, un jour je le ferai tout exprès et en plusieurs pages parce que la carrure de l’homme l’exige. Je parle par exemple de Doug Headline qui est mon éditeur du Pacte et grâce à qui j’ai écrit ce roman. Salut Doug. D’ailleurs, Doug, c’est lui, sur la photo, là.

Et à côté de Doug, c’est Marie, la dame des droits étrangers — une épée! non seulement tout à fait charmante mais d’une sacrée efficacité! Quant à l’échelle derrière eux, je ne sais pas ce qu’elle fiche là. D’ailleurs c’est plutôt un escabeau.

J’ai croisé très vite dans le couloir Jean-François, le boss, qui courait allez savoir où en perdant des enveloppes de courrier et qui a été surpris de me voir — cet homme commence à m’intriguer délicieusement…

J’ai salué Benoîte aussi qui n’est pas sur la photo mais ce qui ne l’empêche pas d’être née elle aussi un 13 novembre, comme moi, et d’ailleurs il va falloir commencer à y songer sérieusement. Un jour, chez Rivages, au pot de l’éditeur pour fêter les je ne sais plus combien de milliers d’exemplaires du Pacte, j’ai rencontré Chabrol qui m’est tombé dans les bras. C’était bien. A cette époque, l’attachée de presse s’appelait Christine, elle est partie depuis vers d’autres noirs horizons, ne donne plus signe de vie, merci Christine, et je lui avait promis un tour de Grande Roue si le Pacte dépassait les 20 000 ex. J’ai pas tenu ma promesse jusqu’à présent. Sans doute est-ce la cause du silence de la fugueuse… Il faudrait bien aussi que j’en fasse un, de pot, pour le Pacte, tiens. Soit chez Rivages, soit ici chez moi… ils vont tous vouloir chez Rivages, j’en suis sûr.

Denoël

Après quoi je suis allé faire le même genre de visite surprise chez Denoël. C’est aussi plein de gens sympas, notamment plusieurs, particulièrement. On a parlé de mon travail en cours. J’ai le trac. Bon, je l’ai déjà dit. On a parlé aussi de projets de rééditions possibles, une décision doit être prise. Et éventuellement d’une édition des BOCALS. Mais là, j’y crois à peine. Chez Denoël, je veux dire. Ce que je crois, par contre, c’est que ces Bocals finiront par quitter le cadre de ces pages.

Sinon ça va.

Le seul trajet du retour depuis Nancy jusqu’ici a été plus fatiguant que tout le reste: grève !!! à cause d’un contrôleur battu. Jonglerie entre trains absent et remplaçants et taxis, informations contradictoires, etc.

Rentré chez moi tardivement. Les chats dormaient.

Et Mardi,

hop, au boulot derechef (qui fait partie, derechef, des mots que j’aime bien — j’en ai découvert un autre, hier soir: guerpir dans le « Dictionnaire françoislatin de Robert Estienne (1549) » — je te vais te lui trouver emploi pas plus tard que tout à l’heure, à lui, sans problème.

Comme vache qui pisse est une expression faible. Le troupeau vient de s’y mettre avec enthousiasme, là.

Post scriptum

Connaissez-vous le magazine Côté Est ? El ejemplar de septembre est consacré aux Vosges et c’est pourquoi on m’a demandé d’en écrire l’édito. Eh bien cet ejemplar est tout simplement superbe. Comme les autres, certes, sinon plus. Fichtre!

Post scriptum (bis)

Pourquoi tant d’hispanoladeries, me direz-vous, émaillant ce texte? Et pourquoi pas, vous répondrai-je avec fermeté.

Hasta luego

Samedi 8 septembre 2001

C’est un vrai temps de samedi. Presque d’automne aussi. Vent et vent et grisaille et probablement pluie aussi. Je n’ai pas fait de balade de toute la semaine, ça manque, mais je n’ai pas eu le temps.

Pfff.

Nous en avons donc parlé, déjà: l’été s’achève, ou c’est tout comme. Période de blues, une légère couche, mais c’est normal, un effet de saison, tout va repartir comme en 40, j’adore cette expression. Je crois que j’ai trouvé le moyen de me faire un établi pour la reliure dans un vieux support (je ne vois pas comment appeler ça autrement) de bar que je voulais installer chez moi depuis trente ans. Ça devrait pouvoir. J’ai besoin de deux planches rabotées. Pour bricoler une caisse de récupération sous le meuble et des rallonges aux pattes, évidemment ça ne vous dit rien. Je suppose que si j’en avais les moyens j’achèterais rubis sur l’ongle (j’adore aussi cette expression-là) tout ce matos. Je suppose, mais je n’en suis pas sûr. Il y a une certaine forme de plaisir à faire, à sa manière et avec les moyens du bord, au plus strict, et à aboutir à un résultat honnêtement correct. Par exemple mon cousoir. Terminé. J’attaque une presse. Il faut que je trouve une vis, métallique ou en bois.

Télévision & Cie

Il y a un certain temps déjà, mon agent, au demeurant jeune femme fort sympathique et qui me fait souvent rire, me dit: « Dis-donc, au fait… » et elle m’annonce qu’un réalisateur qui est aussi son client (est-ce ainsi que nous nous nommons?) a un sujet en projet, éventuellement destiné à Claude Piéplu, qui est aussi son client, de mon agent, et que des producteurs, en tous cas un, me dit donc mon agent, lirait bien un petit synopsis plus fourni d’après les deux pages écrites par ce réalisateur, il faudrait que vous vous rencontriez. Oui, dis-je, et voilà donc que nous nous rencontrons, à la maison, la mienne, que nous passons deux jours fort agréables, l’homme étant plus que sympathique, de surcroît nous nous découvrons vraiment sur la même longueur d’onde, bref: de cette rencontre il ressort pour monsieur le producteur un joli synopsis étoffé…

Ça doit quand même faire quatre mois, ou pas loin. En quatre mois, le producteur qui était « même » prêt à nous payer pour notre travail n’a toujours pas lu ces quatre pages, et ne le fera sans doute jamais, trop booké qu’il est mon coco, et voilà.

Et c’est éternellement comme ça.

Et c’est assez fatiguant, à la longue.

Vous ai-je dit que j’avais dans mes tiroirs quatre pièces de théâtre prêtes à être jouées, certaines l’ont été, d’autres ont failli l’être, ont fait l’objet de lectures formidables, une devait être mise en scène par mon camarade Daniel Prévôt et réunissait un casting de rêve (Zabou, Tom Novembre, Isabelle Nanty, Jean-Pierre Daroussin) et nous avions à portée de main le théâtre aussi, la production … et puis…  et puis c’est comme si des journées d’automne pouvaient vous tomber dessus en plein mois de juillet… c’est une profession, si c’en est une, dans laquelle, ma bonne dame, y a plus de saison…

Un jour, j’irai cueillir des fraises en décembre, ça ne va pas faire un pli. Mais ce sera sur une autre planète.

Ou alors je m’énerverai un grand coup, mais c’est pas bon pour ce que j’ai.

La plupart du temps, je rêve que je peux faire ce que je veux.

Allez, un coup de chats!

Ça pousse, hein?

Pip et Pop, donc…

Jeudi 6 septembre 2001

C’est la rentrée

Il me semble avoir déjà entendu ça. Depuis quelques temps il ne se passe pas une semaine sans que ce soit la rentrée — me dit-on comme si c’était la première de mes préoccupations. La rentrée de ceci et la rentrée de cela. D’une certaine catégorie d’écoliers, d’une autre, de certains zommes politiques, d’autres, littéraire, télévisuelle, radiophonique, des carpes dans les étangs, des couturiers, théâtrale, dans les murs, les arbres, et que sais-je encore. Aujourd’hui, voilà que c’est une nouvelle rentrée des classes, donc, pour quelques-millions-de-jeunes-enfants, et au journal de 13h nous aurons droit à des images sélectionnant quatre de ces quelques millions en train de pleurer au seuil de leur vie de citoyen. Ça va être une belle journée, je sens ça. Pour le moment il est 8h 27, rien de grave dans mes environs, c’est déjà ça de pris.

Rubrique étrangetés

(Si je saucissonne ce bavardage en rubriques c’est pour que ce soit plus lisible et aéré, vous savez tout.)

J’ai reçu ça hier par mail:

Cher(e)s tou(te)s,

Pour un prochain numéro de x*, nous recherchons les personnes intéressées par un questionnaire sur Harry Potter de J.K. Rowling (Gallimard jeunesse). Nous avons déjà contacté les anglo-saxons. Voilà les questions :

Selon vous :

Est-ce que JK Rowling a apporté ou non quelque chose au fantastique jeunesse avec Harry Potter ?

Comment analysez-vous ce phénomène littéraire et la pottermania des jeunes lecteurs (est-ce bon ou non) ?

Pensez-vous que ces lecteurs sont bien plus destinés à devenir des lecteurs de fantastique que les lecteurs de R.L. Stine (Chair de poule) ?

Enviez-vous ce succès ?

Les réponses doivent nous parvenir pour le 15 octobre. Merci de vous mobiliser pour que nous ayons autant de témoignages francophones qu’anglo-saxons.

*Par soucis de je ne sais quoi, d’instinct, je ne cite pas la source, mais cela dit je le pourrais, c’est une revue axée fantastique que dirigent des petits jeunes sympas, qui commencent d’ailleurs à ne plus l’être tant que ça, jeunes, hé hé hé, et voilà que tout ce qu’ils trouvent pour se donner l’air de le rester, jeunes et sympas, c’est ce questionnaire sur lequel je ne ferai AUCUN commentaire.

Le soleil vient de se lever, c’est une belle journée qui s’annonce, bis.

Rubrique intérêt national :

(voir précédente)

Rubrique sans commentaire

(j’ai dit que je n’en faisais AUCUN)

Rubrique « J’adore la question »

J’adore la question : Enviez-vous ce succès?

Rubrique magazines

Connaissez-vous Ténèbres? C’est un magazine que dirigent d’une main de fer enthousiaste des petits jeunes sympas et qui parle (qui écrit, plutôt, le magazine) de fantastique, et qui en fait le tour dans tous les sens, c’est plein d’interviews fondamentalement incontournables, d’articles de fond (NON! pas le ski ! n’allez pas leur écrire pour acheter des lattes ou une paire de pompes, c’est malin…), de trucs et de critiques et de machins, tout, en un mot. J’entends dire de partout que c’est bien. En général, « partout », ce sont des personnes tout à fait fiables, je leur fais donc confiance, quant à moi il y a lurette que je n’achète plus de magazine ni de veau aux hormones et lurette idem qu’on ne m’en adresse plus à je ne sais quel titre — de veau aux hormones non plus, d’ailleurs. Les temps changent.

Voilà que j’entends Sylvain-mon-pote-de-la-carrière-d’en-bas qui vient de mettre en marche son tracto. Ça va être une belle journée, ne manque plus que l’ami qui? Ri-co-ré !!!!

Nostalblues

Quand j’étais petit, mais déjà plus tant, j’avais sainte horreur de cette période de l’année. Pourquoi dit-on « sainte » avant « horreur »? Existe-t-il en contrepoint une damnée horreur? Sans aucun doute. Une sainte horreur donc de cette période de rentrée. Pas tant à cause de ce qui m’attendait que de ce que je laissais derrière… les vacances, le soleil, l’odeur du foin coupé, les jours qui se lèvent sur un rai de soleil traversé de poussière dorée par l’interstice du volet, les jeux avec mes camarades — on jouait aux « Diables de Guadalcanal » dans les arbres, c’étaient nos avions on sautait en parachute quand il étaient touchés par les Japs, un carré de tissu accroché par quatre ficelles aux épaules, des fois ça se mettait en torche, on tombait de 1000 pieds et on s’écrasait comme des merdes dans la rivière, un jour Claude s’est cassé le poignet —, des lectures de Spirou chaque jeudi étalé sur une couverture au bord de la rivière qui était encore une rivière honnête. Etc. Soupirs. Et voilà bing que c’était le temps revenu des brumes matinales fraîches des feuilles fritées qui commencent à tomber une à une, de l’odeur de vase sur la rivière. Trois fois que je parle de la rivière en quelques minutes. La rivière était notre monde, un univers à elle seule. Un jour je tenterai de le raconter. Un jour que je mangerai une bonne, une très bonne madeleine.

On jouait aussi aux Indiens. Aux cow-boys et aux Indiens. C’est de là sans nul doute que date mon intérêt pour le western et au-delà pour la vraie histoire derrière le mythe. La preuve que ça me turlupinait sec cet univers, tout petit déjà…

Certes, c’était pas Harry Potter.

J’avais dit: no coment!

Ha la la…

A cette heure, c’est donc la rentrée, des milliers de gens, voire davantage, se ruent à leur travail dans les métros et les trains et sur les routes. Et même à vélo. Je cherche un peu désespérément l’ami Ricoré dans la foule.

Il y a bel et bien des brumes matinales. Frisquet. Je vais aller m’y mouiller un peu les pieds, couper du bois pour la chaudière.

Hasta luego.

Jeudi 30 août 2001

On se lève et pof: la pluie. Une petite pluie, pas des cataractes, pas même une vraie averse. Si nous n’étions pas le 30 août, je dirais une pluie de printemps. A 8h, sous le ciel vaguement modelé en gris, avec un souligné de la ligne de remous des nuages, la lumière est claire et irisée.

Or donc, c’est la rentrée.

Il y a peu, un mois durant au bas mot, journaux, magazines, télévision et radio nous ont prévenus: les vacances allaient arriver. Et ce fut effectivement les vacances. Il y a un mois au bas mot again, ces mêmes voix commençaient de nous annoncer la rentrée. C’est la rentrée. On va bientôt nous parler des vacances de la Toussaint et de Halloween. « On », ce sont précisément ces voix écrites ou parlées citées plus haut, les voix qui nous disent comment est, va, respire, se porte, bref à quoi ressemble le monde. Parce qu’il ne nous suffit plus de regarder autour de nous, ce monde-là est riquiqui. Le plus proche qu’il soit, le plus vrai, comment dire? le plus ancré dans votre/notre réalité, non, celui-là n’est que roupie. De sansonnet, cela va sans sonner bien sûr. Le vrai, de monde, celui qui n’est jamais vu de nos yeux vu, jamais senti de nos narines senti, touché de nos mains touché, ce monde-là donc est un monde de rentrée, et il va falloir vous y faire et vous y adapter, à la rentrée.

Tant pis pour vous qui n’êtes pas sortis. Le diapason, ça s’appelle.

Dans ce monde-là que les voix sus-citées mises en causes nous décrivent et nous formatent, il existe plusieurs sortes de rentrées: des classes, politique. ET la rentrée littéraire.

Grand combat, la rentrée littéraire… Pfff…

( La rentrée littéraire, part 1)

Nous allons en subir les éclats jusqu’aux Prix — les Prix sont en gros un avatar de la rentrée. Le « monde littéraire » va s’agiter, brasser de l’air, du bruit, des textes imprimés et des paroles. A la pelle. Les romans attendus ( par qui?) seront donc soit des merdes soit des chef-d’œuvre, Houellebecq aura dû avoir à une voix près le Goncourt qui est comme chacun sait mon vieux le scandale mérité attendu que nous connaissons tous, ding! la caisse enregistreuse, deux ou trois autres feront les pitres, la plupart des véritablement bons romans sortis dans la masse passeront inaperçus puisque, mon pauvre chéri, les journalistes habilités à en parler n’auront eu ni place ni temps ni antenne pour le faire après avoir donné tout ce qu’ils savaient, leurs tripes, coco, à ce bon vieux Houell’ et quelques autres échappés, sans oublier celui qu’on n’attendait pas au détour d’un petit coup de, disons, scandale — pas plus simple à vous bâtir qu’un bon p’tit scandale, pseudonyme de n’importe quoi — , Beigbeider fera son malin partout où il faut, Lumbroso ressortira pour nous son meilleur regard à la Droopy, Durand Guillaume sera attendu au tournant… trois petits tours, roulements de tambours, et paf, que vous disais-je, ce sera Noël! C’était bien la peine de s’énerver.

Il y a bien longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles des chats, me fait-on remarquer. Ha ha! les deux petits (toujours en quête de noms pour le moment et se contentant de provisoires « Pic » et « Poc ») désormais circulent. Flageolants, certes, mais circulent, courent, vont et viennent.. Ils ont quitté le bureau pour la chambre d’ami, sur une couette au sol, d’où ils lancent des explorations. Ils disent mi et miu et Cosette leur cause de son bruit de mandrin de perceuse. ¡La vida !

Mystère en forêt

Donc, comme je vous le signalais précédemment, je me promenais tranquille et voilà que mon œil est attiré par une tache blanche, au pied d’une souche.

Ce truc-là:

Je vais voir ça de plus près: un cube, une sorte de cube, blanc, en espèce de matière plastique compacte, lourde, la matière, d’environ 30X30X40cm, le cube — donc pas un cube, un parallélépipède, oui, bon.

Enfin, donc, voilà.

Avec un trou au centre, et puis sur une face des espèces de crénelures.

En pleine forêt. J’ai pas touché …

Je ne suis pas retourné là-haut depuis, je ne sais donc pas si ce machin est toujours là. Je vais m’en assurer.

Fait divers

J’ai ramassé, ce qui est une façon de parler, une tique. Je suis très tiques. Une histoire de sueur j’imagine. (Intéressant, merci.) Premier cas de figure: Vous prenez quinze honnêtes personnes normalement constituées, dont moi, vous les lâchez en forêt. Une tique passe. Une seule. C’est pour ma pomme. Second cas de figure: Les quinze mêmes, et voilà qu’un troupeau de tiques passent. Tout le troupeau pour ma pomme. C’est ainsi. Il existe des « arrache-tiques » qui sont des petits appareils très efficaces — quand on s’en sert. J’ai voulu arracher cette tique infâme sans l’appareil, à la sportive, et crac, résultat je lui ai laissé les crocs et les pattes, c’est pareil, dans ma viande. Je vais donc devoir aller visiter un camarade médecin qui saura. Ha la la.

Infos

J’ai décidé de mettre aux enchères des livres et des BD rares sur iBazar.

Ensuite mes manuscrits.

Ensuite je brûlerai mes meubles (vu que ce sera l’hiver).

Ensuite on avisera.

La pensée du jour

Pfff…

La parole du jour

Pfff… quoi, pfff?

hasta luego

Dimanche 26 août 2001

Or donc ce dimanche fut un jour de grande promenade dans les forêts. Trente kilomètres, pas moins, depuis chez moi, plus exactement d’un endroit nommé Plein du Canon, sur la route qui monte au Ballon d’Alsace, jusqu’à un autre endroitnommé, lui, La Planche des Belles Filles, en Haute-Saône. Le nom est joli, n’est-ce pas? Il vient d’une triste histoire, à l’origine, que je raconterai peut-être un jour. L’endroit aussi est joli, avec grand calme et vaches paissant en regardant passer les passants. Un hôtel restau sympathique, un paysage superbe, du soleil là-dessus. Et en sus un copain qui s’occupe des domaines skiables (quand il y a de la neige, of course) et des domaines environnants pas skiables mais promenables quand il n’y a pas de neige. C’est un ami qui s’appelle Toto, je le connais depuis qu’il est haut comme ça, il accompagnait avec son père, que j’ai toujours appelé Monsieur Claude, qui était alors installateur de télé et venait pour cela à la maison, un personnage, et qui exploitait aussi une ferme perdue dans les hauts, c’est ainsi qu’on dit, et même qu’un jour il a trouvé de l’or. He oui. J’ai dit: un personnage. Toto est le fils de Monsieur Claude. La dernière fois que j’ai vu Monsieur Claude, et Madame, c’était à la vente de livres d’occase d’Amnesty, à Remiremont, ils cherchaient des romans de Giono. J’espère qu’ils vont bien. Donc, avec Toto, nous avons mangé notre tomate et notre poulet froid et notre tranche de pain et notre pêche, dans un petit chalet avec vue sur la vallée et la forêt de St-Antoine. Puis sommes repartis — dans les 15 à 16 bornes pour le retour, hein, on ne s’attarde pas en festivités dans ces cas-là. Sommes passés par un endroit qui s’appelle l’Etang des Belles Filles, auquel on accède par un sentier forestier descendant (qu’il a fallu remonter ensuite…) Endroit superbe again. Mon rêve, c’est ça: une maison au bord d’un étang de cet acabit, dans la forêt. Dimensions canadiennes si possible, mais hautes-saônoises me conviennent aussi.

Donc, là, après tout ça, à l’heure actuelle, trente kilomètres dans les mollets. Ça va.

Sur le bord d’un chemin, ça:

Après le « bonhomme fontaine » de l’autre fois, on pourrait carrément entamer une série.

La Grande Goutte est un refuge de montagne, ouvert à tous les promeneurs. A mon avis, il est surtout et principalement investi de façon rituelle par une bande de zozos genre pas tristes qui viennent y festoyer le ouikende. On en a vu quelques-uns, là, en revenant… dont un type de mon village que je n’avais pas vu depuis des lustres et qui m’a reconnu et qui a voulu me faire lire, « puisque t’es écrivain », un texte « écrit par les filles sur la Grande Goutte et sur toute la bande ». Même là! en plein trou du cul du monde et au cœur de la forêt, voilà que je dois lire un manuscrit!!! On est partis sans trop tarder — dans ces cas-là, vaut mieux pas. Je ne sais pas qui sont « les filles » auteuses du texte (qui a dit « scies sauteuses »? c’est malin), des copines de la bande sans doute. Je soupçonne les zigotos d’êtres les signataires anonymes de la pancarte indiquant le refuge, ci-dessus. Allez savoir pourquoi.

Pendant la promenade, une parole du jour (il y en a eu plusieurs, au fil du jour) d’Irma, après un grand grand grand silence: « Je vais m’acheter un short large jusqu’aux genoux ».

Sinon c’est la rentrée.

Sinon Léotard est parti sans laisser d’adresse où lui écrire, où on peut lui écrire, il a déjà répondu. Hasta luego, amigo.

ainsi que lundi 27

Hier, nous sommes allés nous promener longuement… (voir ci-dessus).

Mais ainsi que:

Avant-hier, je suis allé me promener plus courtement qu’hier, en une autre forêt, et j’ai trouvé un truc étrange, je vous jure que c’est vrai, j’ en parlerai plus tard, je crois avoir mis le nez sur un mystère…

Sinon c’est la rentrée (bis)

On va bien me casser les burnes pendant une quinzaine avec ça, au bas mot, non? C’est l’actualité des français, donc du monde.

Hasta luego

Jeudi 23 août 2001

J’aurais tendance à dire: damned comme le temps passe! Une fois cela exclamé intérieurement, bonne chose faite, je suis bien satisfait de ma journée, qui n’est pas encore terminée, certes, mais pour le moment c’est parfait. Bien écrit, tout l’après-midi, et il est 20h. Je me suis bien sorti je crois de ce passage. C’est étonnant: j’ai souvent raconté à qui veut entendre que je ne suis pas du genre à m’embarquer dans l’écrit sans savoir où je vais. Certes. Je sais en tous cas où je veux aller. Comment, c’est une autre histoire. Pour celle-ci (d’histoire) je dois flotter quand même aux alentours de 600 000 signes, là, en ce moment, et je ne suis pas encore entré dans la partie de l’histoire qui devait en être son début, dans mes premières intentions… Il y a quelques jours, un personnage est apparu, auquel non seulement je n’avais pas songé jusqu’alors, mais qui, j’en ai bien l’impression, va prendre une jolie importance. Un colporteur. Tout cela, je suppose, parce que je lisais un ouvrage sur le jargon, l’argot, le narquois, langages des gueux, mercelots et truands en tous genres du 15eme siècle, et bien que mon histoire à moi se situe au 16eme. En tous cas ça roule bien. Croisons les doigts — ce qui n’est pas la meilleure façon de les tenir pour écrire, j’en conviens.

La journée avait curieusement commencé —réveillé à 6h30 pile par Cosette qui est venue ronronner un coup bref mais néanmoins péremptoire dans mon oreille. Je dis ronronner, c’est inapproprié. Cosette ne ronronne ni ne miaule, mais produit un mélange des deux, une sorte de « brooou » difficilement traduisible avec des lettres, mais qui ressemble absolument au bruit que fait le mandrin de ma perceuse quand je le desserre à la main. C’est étonnant. Je m’interroge de plus en plus sur l’éducation qu’a pu recevoir cette chatte, avant qu’on la recueille. Quelquefois, je l’appelle « Madame Brou ».

Ensuite, je suis descendu à la scierie/carrière de pierres et sable de mon pote Sylvain, en dessous de chez moi. Pour lui dire que j’avais préparé le frêne abattu par la tempête de l’autre fois, et qu’il pouvait venir le chercher, et le scier en planches, avec lesquelles un autre copain menuisier me fera une nouvelle façade pour le meuble que je décape et dont j’ai déjà parlé. C’est très simple. Sylvain se méfie (et je le comprends) des particuliers qui lui amènent des troncs à scier, dans lesquels (les troncs, pas les particuliers ) se nichent des éclats d’obus ou autres saloperies ferrailleuses qui lui niquent ses lames de scie. Je le comprends. J’ai passé une matinée à écorcer nickel et nettoyer mon frêne pour ne pas niquer les lames de Sylvain. Bien. Du coup, je me suis retrouvé dans le camion de Sylvain en train de livrer du sable dans une autre scierie du village voisin où des individus faisaient des travaux de maçonnerie, du béton je crois…

Ensuite, une fois de retour, un peu de travail sur mon cousoir de reliure.

Ensuite faire à manger. Et puis re-ensuite écriture, donc et là, ouf…

Il a fait chaud. Les chats (encore!) ont pour le moment élu domicile à l’autre bout de mon bureau, derrière et sous le photocopieur. Je les entends mener de fameuses parties, et quand je me lève pour aller les surprendre, ils me regardent d’un air de dire: « Nous? ha non, c’est pas nous, nous on fait rien…»

C’est orageux en Corse. Même Belmondo…

BOCALS

Il faudra bientôt que je réalise la 4eme aventure des Bocals. Attention, la seconde la semaine prochaine!

Communiqué

A vous tous, quasiment innombrables, qui ne vous êtes pas manifestés, qui ignorez sans doute mon existence avec autant de conviction que j’ignore la vôtre, je voudrais dire à quel point votre attitude me va droit au cœur, et vous prie d’accepter mes salutations les plus amaigries.

Info

Je n’irai pas à Nancy cette année, au Livre sur la Place. D’abord parce que. Ensuite (et surtout) parce que encore, mais vu sous un autre angle. Trop de travail à éponger ici plutôt que d’aller croiser monsieur le maire (et madame) dans un repas, quelque soir, et leurs regards à chaque fois posés fissa sur moi comme si je sortais de la tombe — pas de la mienne, de la leur. Sérieusement, quand je dis trop de boulot, c’est trop de boulot. Un jour, à Nancy, au Livre sur la Place, j’ai participé à un attentat, côté victimes, au ketchup. Les lanceurs étaient m’a-t-on dit des petits cons nazillons. Je me demande ce qu’il en est advenu, tiens. Mais ça ne me tracasse pas outre mesure. Ils m’ont salopé une veste que j’aimais bien.

Info

Par contre je vais à la Fête de l’Huma. En septembre. Youpi. J’avais promis l’année dernière. Ce sera sans doute ma seule sortie d’ici à la fin de l’année.

Car les années se suivent…

L’année dernière, en cette saison, mon fils était à la maison et sculptait 108 (et même plus) bustes de lapins morts-vivants qui devaient participer à une expo («  l’Enfance de l’Art ») à Nancy, expo qui fut un franc succès, organisée par les Déménageurs, je crois. Si je ne m’abuse (merci docteur) Sinon je rectifie. Mais c’était rudement bien. Cette année, il est en train de travailler sur 130 figurines assez mystérieuses destinées à un autre mystère qui me parait bien mystérieux…

Il serait question de « Stein Girls»…

Ma mère, elle, aurait dit: Mais quel âge que t’as?

Je ne le dirai donc pas. (En plus, ça me parait pas mal, son histoire… Mais 130!!! Cent-trente fois un!!!…

Tremblement de terre

Eh bien non, le changement de logis du site ne s’est pas effectué, hier, comme prévu, pour cause de chargement impossible de GoLive et de diverses autres bricoles. Nous attendons PageMill, nous ne savons pas ce qu’il en sera… Nous verrons. Nous aimerions que ça s’arrange.

A l’heure actuelle…

A l’heure actuelle, Peggy est en Australie

(Cliquez sur le kangoo pour agrandir Peggy)

C’était notre rubrique: A l’heure actuelle.

Prochaines parutions

Prochainement, des parutions.

C’était notre rubrique « Prochaines parutions »

Dernières miettes avant le sommeil

Ce soir, il y avait de la salade de fruits au dessert. pourtant mon fils a dit: « Tiens, je crois que je vais prendre un Folies, moi… » A faire des Stein Girls, on en arrive immanquablement à ce genre d’extrémité, c’est fatal. Nous avons regardé La Bostella (avec deux « l » ou un seul, voilà qu’un doute m’assaille!) de et avec Edouard Bear, sur Canal. Savez-vous que j’aime ça?

Mon épouse est allée au Théâtre du Peuple, à Bussang. Moi non. Mais je suis quand même allé à Bussang, ce matin, livrer du sable avec Sylvain-de-la-carrière-d’en-dessous. Nous n’avons pas vu le même spectacle. Moi, c’était moyen, les acteurs de la scierie « La Jurassienne » pas terribles, la mise en scène un peu fade — la réplique, au premier acte, « Chacun ses outils, hein », que le type en bleu lance quand il ne parvient pas à fixer la ridelle latérale du camion, est pourtant franchement drôle et laisse augurer d’un joli travail sur le texte, et puis non, déception, quant au silence du gro encasquette de baseball, je n’en dirai rien. Elle je ne sais pas, tiens, au fait, nous n’en avons pas parlé, je travaillais encore quand elle est rentrée et ensuite elle s’est occupée de cuire les haricots verts et la saucisse puis nous avons mangé en devisant et après quoi il y a eu La Bostela (j’essaie avec un seul « l » aussi). Je lui demanderai demain.

Hasta luego

Vendredi 24 Aout — Zéro heures et des poussières

Bonjour! Nous ne sommes que poussières de vendredi, mais pourtant déjà.

Buenas dias!